Plusieurs facteurs peuvent influencer la réponse immunitaire induite par la vaccination. La nature et l’intensité de la réponse varieront en fonction de facteurs liés au vaccin et de facteurs liés à l’hôte.
Les particules virales se disséminent rapidement dans l’organisme, se multiplient et activent l’immunité innée puis l’immunité adaptative, comme lors de l’infection naturelle.Les réactions inflammatoires locales sont rares et sont liées plus au volume injecté qu’à la composition du vaccin.L’infection est habituellement non apparente. Elle peut être accompagnée de symptômes systémiques atténués (ex. : fièvre, malaises, éruption) après la période nécessaire à la réplication virale (de 7 à 21 jours selon le vaccin).Le temps nécessaire à l’induction d’anticorps (de 2 à 3 semaines) reflète la durée de différenciation des lymphocytes B dans la rate et les ganglions.Comparativement aux vaccins inactivés, les vaccins vivants atténués induisent une meilleure réponse immunitaire innée, une production d’anticorps plus importante et plus persistante en raison de la réplication systémique. La conséquence est l’obtention d’un taux d’anticorps plus élevé et plus durable.
La réponse immunitaire est variable selon les antigènes des vaccins.Les Ag vaccinaux sont pris en charge par les cellules dendritiques. Celles-ci provoquent l’activation des cellules inflammatoires et déclenchent la réaction locale. Les cellules dendritiques migrent également vers les ganglions régionaux et peuvent y déclencher de l’inflammation. Cette période dure de 2 à 3 semaines, produisant un pic d’anticorps environ 1 mois après la vaccination.Les plasmocytes responsables de cette réponse immunitaire primaire meurent rapidement par la suite, entraînant une baisse rapide du taux d’anticorps, d’où la nécessité d’administrer 1 ou plusieurs doses additionnelles, qui entraîneront une réponse anamnestique secondaire.On distingue plusieurs types de vaccins inactivés :
Type de vaccin | Caractéristiques |
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Vaccins entiers ou à protéines purifiées | Les vaccins inactivés entiers sont constitués de micro‑organismes complets, alors que les vaccins inactivés à protéines purifiées contiennent des protéines constituantes des micro-organismesLa présence de protéines rend les substances immunogènes et induit une réponse immunitaire humorale (lymphocytes B) et cellulaire (lymphocytes T)Les antigènes sont dits T‑dépendantsCes vaccins sont immunogènes avant l’âge de 2 ansLa production de cellules mémoire permet une réponse anamnestique lors d’une nouvelle exposition à ces vaccins |
Vaccins polysaccharides conjugués à une protéine | La conjugaison est le couplage des polysaccharides à une protéine vectriceLa réponse immunitaire est apparentée à celle des vaccins inactivés entiers ou inactivés à protéines purifiées et elle possède les mêmes caractéristiquesLa réponse immunitaire induite est humorale (lymphocytes B) et cellulaire (lymphocytes T)Les principales protéines utilisées pour la conjugaison dans la fabrication des vaccins contre le pneumocoque et le méningocoque sont :
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Vaccins polysaccharidiques | Les polysaccharides sont des constituants de la membrane externe de la bactérieLa réponse immunitaire induite est humorale seulement (lymphocytes B)Les lymphocytes T ne sont pas stimulésLes antigènes sont dits T‑indépendantsCes vaccins sont peu ou pas immunogènes avant l’âge de 2 ansIl n’y a pas de production de cellules mémoire et de réponse anamnestique à la suite d’une nouvelle exposition à ces vaccins |
Vaccins à ARN messager | Un vaccin à ARN messager est constitué de nanoparticules lipidiques contenant de l’ARN messager. Cet ARN messager contient un fragment de l’information génétique du virusLe vaccin à ARN messager est absorbé par les cellules. Dans le cytoplasme de la cellule, il permet de fabriquer une protéine virale qui va stimuler le système immunitaireLa réponse immunitaire induite est humorale (lymphocytes B) et cellulaire (lymphocytes T) |
Vaccins à protéines recombinantes | Une protéine recombinante est produite par une cellule (comme une bactérie, une plante, une cellule de mammifère ou encore d’insecte) servant « d’usine vivante » dont le matériel génétique a été modifié avec une séquence de gènes permettant de produire cette protéine ou plusieurs protéines s’assemblant en particules pseudo-virales. Celles-ci sont purifiées et incluses dans le vaccin, qui permettra d’induire une immunité contre le pathogène d’origine de la séquence de gènes |
Vaccins à vecteur viral | Le vecteur viral est un virus inoffensif pour l’humain qui contient le code génétique d’une protéine d’intérêtUne fois absorbé par les cellules, le code génétique permet de fabriquer la protéine qui va stimuler le système immunitaireLa réponse immunitaire induite est humorale (lymphocytes B) et cellulaire (lymphocytes T) |
Caractéristiques | Réponse primaire(1er contact avec l’antigène) | Réponse secondaire(contacts ultérieurs avec l’antigène) |
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Période de latence | Période relativement longue avant l’apparition des anticorps spécifiques | Période de latence plus courte avant l’apparition des anticorps spécifiques |
Intensité de la réaction | Intensité faible (habituellement insuffisante pour conférer une protection) | Intensité plus forte (habituellement suffisante pour conférer une protection) |
Avidité des anticorps | Faible avidité des anticorps | Forte avidité des anticorps |
Durée des anticorps | Durée courte | Durée longue |
Les adjuvants peuvent être utilisés pour plusieurs raisons :
L’adjuvant le plus fréquemment utilisé est le sel d’aluminium, en général sous forme de phosphate ou d’hydroxyde d’aluminium. Les autres adjuvants utilisés sont :
La voie ID est la plus immunogène en raison de la grande quantité de cellules présentatrices d’antigènes (ex. : cellules dendritiques et macrophages) présentes dans le derme.On observe une faible immunogénicité dans le tissu adipeux, car les cellules dendritiques y sont rares. Ainsi, la faible immunogénicité observée lorsque le vaccin HB est administré dans la fesse est probablement due à l’injection du vaccin dans le tissu adipeux plutôt que dans le muscle.
Généralement, lorsque la quantité d’antigènes contenus dans un vaccin est plus élevée, la quantité d’anticorps augmente.
La réponse secondaire observée a tendance à augmenter avec le nombre de doses de vaccin administrées si les intervalles minimaux entre les doses de vaccin sont respectés.
Une 2e stimulation antigénique trop rapprochée de la 1re peut être inefficace à cause de l’élimination de l’antigène par les anticorps sériques encore présents à une forte concentration, d’où l’importance de respecter les intervalles minimaux entre les doses.
Selon leur type, les vaccins peuvent induire des anticorps et des lymphocytes T, qui sont considérés comme des mécanismes essentiels de protection. Ces mécanismes sont présentés dans les tableaux qui suivent.Il est à noter que les lymphocytes T CD4+ participent à l’induction de toutes les réponses en anticorps, à l’exception de celles qui sont induites par les vaccins polysaccharidiques.Les tableaux ci‑dessous montrent les types de cellules, d'anticorps ou de lymphocytes induits par différents vaccins.
Vaccins | Mécanismes |
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Poliomyélite (vaccin oral) | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) Anticorps neutralisants muqueux IgG (++) et IgA (++) |
Rougeole, rubéole, oreillons | Anticorps neutralisants sériques IgG (+++) Lymphocytes T CD8+ (rougeole) |
Varicelle | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) Lymphocytes T CD4+ (+?) |
Fièvre jaune | Anticorps neutralisants sériques IgG (+++) |
Tuberculose (BCG) | Lymphocytes T CD4+ (++) |
Grippe (intranasal) | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) Anticorps neutralisants muqueux IgG (+) et IgA (+) Lymphocytes T CD8+ (+) |
Rotavirus | Anticorps neutralisants sériques IgG (+) Anticorps neutralisants muqueux IgG (+) et IgA (++) |
Zona | Lymphocytes T CD4+ (++) |
Adapté de J. GAUDELUS, Vaccinologie, p. 2. et de Vaccines, 2018, page 17.
Vaccins | Mécanismes |
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Coqueluche (vaccin entier) | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) Lymphocytes T CD4+ (+?) |
Poliomyélite (vaccin inactivé) | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) Anticorps muqueux IgG (+) |
Hépatite A | Anticorps neutralisants sériques IgG (+++) |
Rage | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) |
Adapté de J. GAUDELUS, Vaccinologie, p. 2. et de Vaccines, 2018, page 17.
Vaccins | Mécanismes |
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Coqueluche (vaccin acellulaire) | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) Lymphocytes T CD4+ (+?) |
Grippe (vaccin injectable) | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) Anticorps neutralisants muqueux IgG (+) |
Tétanos Diphtérie | Anticorps neutralisants sériques IgG (+++) |
Adapté de J. GAUDELUS, Vaccinologie, p. 2. et de Vaccines, 2018, page 17.
Vaccins | Mécanismes |
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Pneumocoque | Anticorps neutralisants sériques IgG T-indépendants (++) Anticorps neutralisants muqueux IgG (+) |
Adapté de J. GAUDELUS, Vaccinologie, p. 2. et de Vaccines, 2018, page 17.
Vaccins | Mécanismes |
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Hæmophilus influenzæ de type b Pneumocoque Méningocoque | Anticorps neutralisants sériques IgG (+++) Anticorps muqueux IgG (++) |
Adapté de J. GAUDELUS, Vaccinologie, p. 2. et de Vaccines, 2018, page 17.
Vaccins | Mécanismes |
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COVID-19 ARNm | Anticorps neutralisants sériques IgG Lymphocytes T CD4+ (++) et T CD8+ (+) |
Vaccins | Mécanismes |
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Hépatite B | Anticorps neutralisants sériques IgG (++) |
VPH | Anticorps neutralisants sériques IgG anti-VPH |
Zona (sous-unitaire) | Anticorps neutralisants sériques IgG contre la glycoprotéine E du virus varicelle‑zonaGénération de lymphocytes T CD4+ contre la glycoprotéine E du virus varicelle‑zona |
Vaccins | Mécanismes |
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COVID-19 VV | Anticorps neutralisants sériques IgG |
De nombreux facteurs liés à l’hôte peuvent moduler la réponse immunitaire.
Le système immunitaire du corps humain est fonctionnel dès la naissance et persiste tout au long de la vie. Des différences dans la réponse immunitaire existent selon l’âge, particulièrement chez les très jeunes enfants et les personnes âgées.
La réponse immunitaire dépend de l’âge après la naissance, et non de l’âge gestationnel. Ainsi, un bébé né à 30 semaines de grossesse recevra ses premiers vaccins quand il atteindra l’âge de 2 mois, même si cet âge correspond à un âge gestationnel de 38 semaines.
La capacité du système immunitaire des enfants âgés de moins de 2 ans est très importante :
Leur système immunitaire est immature :
Les anticorps de la mère sont présents chez les nouveau‑nés :
Source : Jean-Pierre REGNAULT, Immunologie générale.
En général, cette période d’âge est celle où le système immunitaire répond le mieux.
La capacité d’obtenir une bonne réponse immunitaire s’atténue au cours du vieillissement, car le pool des plasmocytes non différenciés diminue avec le temps.
Les déterminants génétiques, tels que le système sanguin ABO et les antigènes d’histocompatibilité HLA, jouent un rôle dans l’immunité adaptative.Certaines personnes répondent mieux que d’autres aux vaccins. Par exemple, certaines personnes ne développent pas d’anticorps à la suite de la vaccination contre l’hépatite B, mais développent une réponse cellulaire qui assure leur protection.
Qu’elle soit acquise ou congénitale, l’immunodépression diminue généralement la réponse immunitaire humorale ou la réponse immunitaire cellulaire, ou les deux.
La malnutrition est associée à une altération de la fonction de la barrière intestinale et à un faible niveau des protéines du complément.Le tissu lymphatique, en particulier le thymus, subit une atrophie, et les réponses d'hypersensibilité de type retardé sont réduites.Les niveaux d'anticorps produits après la vaccination sont réduits chez les personnes gravement malnutries.
L’obésité est associée à des troubles métaboliques qui provoquent un dysfonctionnement tissulaire dans le tissu adipeux, le foie, le pancréas et les vaisseaux sanguins.Ces changements sont associés à un impact négatif sur l’immunité contre l’infection et sur l’efficacité vaccinale.Dernière mise à jour : 16 avril 2021
Copyright and License information PMC DisclaimerThis article is also available in English. See "Measles-mumps-rubella vaccine and autistic spectrum disorder: A hypothesis only".
En 1998, Andrew Wakefield et ses collaborateurs (1) ont publié un rapport dans lequel ils avançaient l’hypothèse selon laquelle l’administration du vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (vaccin RRO) aux jeunes enfants précipitait l’apparition d’une maladie inflammatoire de l’intestin pouvant provoquer l’autisme. Les mécanismes qui, selon eux, déclenchaient le processus morbide, s’établissaient comme suit : le vaccin RRO pourrait produire une hyperplasie lymphoïdonodulaire iléale, une colite non spécifique; cette colite peut activer soit une malabsorption de vitamines ou de micronutriments, soit une augmentation de la perméabilité intestinale aux protéines, ce qui finit par susciter la formation d’auto-anticorps néfastes aux tissus cérébraux ou à d’autres organes. D’après les auteurs, ces mécanismes provoqueraient ensuite l’apparition de l’autisme. Cette hypothèse se fondait sur l’étude de cas d’une série de neuf enfants atteints d’une maladie inflammatoire de l’intestin et d’autisme ayant été immunisés par le vaccin RRO. Trois autres enfants non autistiques présentant des troubles de comportement étaient également inclus dans l’étude. Depuis la publication du rapport de Wakefield et de ses collaborateurs (1), une importante controverse a germé au sein du milieu médical, de la presse non spécialisée, du grand public et du congrès américain.L’association entre le vaccin RRO, les maladies inflammatoires de l’intestin et l’autisme décrite par Wakefield et ses collaborateurs (1) pourrait être accidentelle, causale ou provenir d’une interaction avec un autre événement inconnu. Pour établir si un lien est probablement causal, les critères suivants sont généralement évalués : la puissance de l’association, la cohérence des études menées auprès de diverses populations et par divers investigateurs, la spécificité, la temporalité ou non des événements après l’exposition, le gradient biologique, la plausibilité (bien que son absence n’écarte pas la possibilité d’un lien causal), la cohérence, les preuves expérimentales de soutien et, enfin, l’analogie avec d’autres maladies (2).La causalité ne pouvait être démontrée dans le rapport de Wakefield et de ses collaborateurs (1) en raison du petit nombre d’enfants à l’étude, des préjugés de sélection d’une clinique de gastro-entérologie hautement spécialisée, de la mémoire défaillante des parents quant au moment de l’apparition des symptômes et de l’absence de groupe témoin. Un rapport ultérieur de Wakefield et de ses collaborateurs (2), portant sur d’autres enfants atteints comparés à un groupe témoin, comportait également plusieurs failles méthodologiques qui empêchaient une association causale (3).Depuis la diffusion du premier rapport de Wakefield et de ses collaborateurs (1), plusieurs études ont été publiées sur l’existence du mérite scientifique de l’association hypothétique entre le vaccin RRO et l’autisme.
L’incidence d’enfants recevant un diagnostic d’autisme ou de trouble envahissant du développement a connu une augmentation apparente considérable au cours des dix dernières années (6,7,9). Les adeptes de la théorie selon laquelle le vaccin RRO est responsable de l’autisme considèrent cette augmentation apparente comme une preuve à l’appui de la validité de leur théorie. Les raisons de cette augmentation apparente de diagnostics d’autisme ne sont pas tout à fait claires. Les spécialistes du développement de l’enfant pensent que les deux principaux facteurs reliés à cette augmentation sont une plus grande sensibilisation à ce trouble et la libéralisation des critères diagnostiques de cette maladie au début des années 1990 (9,10). L’utilisation du diagnostic de troubles envahissants du développement plutôt que d’autisme entraîne l’inclusion de beaucoup plus d’enfants, ce qui accroît de manière considérable les taux déclarés de la maladie. Cependant, il n’existe pas assez de données pour exclure la possibilité d’une augmentation véritable de ce trouble ou de la corrélation de certains cas à des modifications environnementales. L’une des difficultés repose sur l’absence de marqueur biologique pour poser un diagnostic. En effet, le diagnostic d’autisme est posé d’après l’anamnèse et l’examen physique conjugués à un ou plusieurs outils de dépistage et critères diagnostiques (11). De même, environ le tiers des enfants autistiques présente une régression des phases du développement ou des aptitudes. Malheureusement, il n’existe aucune définition standardisée de cette variante, qui est justement associée au vaccin RRO.Plusieurs autres organisations ont examiné l’association entre le vaccin RRO et l’autisme. En 1998, le Medical Research Council du Royaume-Uni a évalué les données disponibles et a découvert que les observations étaient insuffisantes pour étayer une association entre le vaccin RRO et l’autisme (12). En avril 2001, un examen qui incluait des renseignements plus récents a été publié dans le Relevé des maladies transmissibles au Canada (13), et les auteurs sont parvenus à la même conclusion que le Medical Research Council du Royaume-Uni. Enfin, le rapport de la New Challenges in Childhood Immunizations Conference, qui a eu lieu à Oak Brook, en Illinois, les 12 et 13 juin 2000, et qui approfondissait la question, a été publié en mai 2001 (14). La conférence, qui passait en revue toutes les données disponibles publiées et non publiées à ce sujet, concluait également que les données disponibles n’appuient pas l’hypothèse selon laquelle le vaccin RRO cause l’autisme, des maladies connexes ou les MII (maladies inflammatoires de l’intestin).Go to: