Chez les enfants, les troubles du sommeil s’expriment essentiellement par des difficultés à s’endormir, des réveils nocturnes ou un réveil matinal précoce. Lorsqu’ils se répètent, ils provoquent une somnolence et une irritabilité dans la journée. Ils nuisent parfois au développement de l’enfant.
Chez un enfant, insomnies ou somnolence dans la journée peuvent être un signe d’anxiété et doivent toujours faire l’objet d’une consultation médicale. Pendant la puberté, période de croissance intense, les adolescents ont besoin d’une heure de sommeil de plus que lorsqu’ils étaient plus jeunes. Pourtant, ils dorment souvent une heure de moins ! Les adolescents ont souvent des difficultés à se lever et une tendance à somnoler dans la journée, mais ils n’ont pas sommeil à l’heure où ils devraient aller se coucher. Il semblerait en effet que leur rythme de sommeil soit décalé (coucher et lever plus tardifs), mais l’origine de ce changement physiologique reste obscure.
Les troubles du sommeil sont assez fréquents chez l'enfant : ils concernent 20 à 30 % des enfants de moins de 6 ans, 10 % des 6 à 12 ans, et 15 à 20 % des adolescents. Ils sont le plus souvent dus à des changements dans l’environnement de l’enfant. Les autres causes d'insomnie sont les maladies (reflux gastro-œsophagien, asthme, infections ORL, etc.), ainsi que des causes psychologiques (anxiété) ou liées à une pathologie du développement (autisme, etc.). Les insomnies idiopathiques (insomnies de cause inconnue), rares, débutent dans l'enfance et persistent tout au long de la vie.
Le terme d'insomnie chez l'enfant désigne 2 entités distinctes : les troubles de l'initiation du sommeil (trouble de l'endormissement, opposition au coucher, pleurs, etc.), plus fréquents chez les enfants de moins de 3 ans, et les troubles du maintien du sommeil (éveils nocturnes répétés ou prolongés). L'insomnie peut entraîner une diminution chronique du temps de sommeil et retentir sur le comportement de l’enfant dans la journée : fatigue, manque d'énergie, difficulté de concentration, irritabilité. Ces troubles nuisent parfois au développement de l’enfant.De la naissance à 3 ans, le sommeil de l'enfant comporte des éveils physiologiques brefs, survenant le plus souvent après les épisodes de sommeil paradoxal. Lors de ces éveils, l'enfant doit être encouragé à se rendormir seul. Les parents non informés, intervenant lors de ces éveils, risquent de « conditionner » l'enfant, qui aura alors systématiquement besoin d'une présence pour se rendormir.À partir de 4 ans, les troubles de l'endormissement peuvent s'accompagner d'une anxiété et/ou d'un refus du coucher, éventuellement responsables d'un retard à l'endormissement ou de stratégies peu adaptées (lit partagé avec un adulte). Une insomnie conditionnée peut également être retrouvée dans cette tranche d'âge.De 10 à 15 ans, le type d'insomnie se rapproche de celui de l'adulte : difficultés d'endormissement, éveils nocturnes, réveil matinal trop précoce, sommeil de quantité suffisante mais vécu comme non réparateur. L'adolescent préfère réduire son temps de sommeil au profit d'autres activités. Un syndrome d'insuffisance de sommeil est fréquent. A la puberté existe une tendance physiologique au « retard de phase » : l'heure du coucher peut passer progressivement de 22h30 à 0h30 entre 12 et 18 ans, pouvant conduire à un syndrome de retard de phase de sommeil.La tendance au retard de phase (décalage de l'heure du coucher, donc de l'endormissement) chez l'adolescent est aggravée par les conditions environnementales (jeux vidéo, télévision, internet, etc.). Le sommeil est initialement de durée et de qualité normales, mais le retard de phase implique des horaires de lever tardifs. Dans la semaine, l'adolescent se trouve donc en déficit de sommeil. Il en résulte une diminution des performances scolaires, des troubles de l'humeur et de la vigilance, que l'adolescent peut essayer de compenser en prenant des excitants (café, drogues). Des difficultés psychopathologiques (anxiété, phobie scolaire, dépression) sont souvent associées au syndrome de retard de phase, et nécessitent une prise en charge psychologique ou pédopsychiatrique.
Les parasomnies sont des phénomènes musculaires, vocaux ou sensoriels, sans lien avec l’épilepsie, qui surviennent au cours du sommeil. Elles sont le plus souvent bénignes et sans conséquence sur le développement de l'enfant. Parfois, elles peuvent entraîner de la fatigue pendant la journée, voire des blessures lors de chutes (somnanbulisme).Les parasomnies constituent un état d'éveil dissocié, avec une activation des mouvements (somnambulisme) ou des émotions (terreurs nocturnes), mais sans activation de la vie de relation, ce qui explique que les enfants n’en gardent aucun souvenir. Elles sont classées en fonction du stade du sommeil pendant lequel elles surviennent : parasomnies du sommeil lent profond, au cours du premier tiers de la nuit, et parasomnies liées au sommeil paradoxal, survenant en seconde partie de la nuit.
Les parasomnies du sommeil lent profond regroupent :
Les parasomnies liées au sommeil paradoxal comprennent :
On ne connait pas bien l’origine des parasomnies. Certaines d'entre elles, tels le somnambulisme et les terreurs nocturnes, pourraient avoir une origine génétique. Certains facteurs pourraient favoriser les parasomnies :
Un traitement médicamenteux est indiqué lorsque les parasomnies perturbent le sommeil de l'enfant ou entraînent des déambulations potentiellement dangereuses (somnambulisme).
Chez l’enfant, les troubles du sommeil peuvent être un signe d'anxiété et doivent toujours faire l’objet d’une consultation médicale. Si le problème persiste plus d’une semaine, n’attendez pas d’être, vous et votre enfant, épuisés et à bout de force pour consulter votre pédiatre.Les enfants dont l'insomnie retentit de façon significative sur la vie quotidienne, dans un ou plusieurs domaines, doivent faire l'objet d'une évaluation appropriée. Si les troubles du sommeil persistent plus d’une semaine, n’hésitez pas à consulter un médecin. Le médecin procède à un interrogatoire pour connaître les circonstances du trouble du sommeil et l’attitude des parents face à celui-ci. Il fait un examen clinique pour rechercher une cause organique telle qu'un reflux gastro-œsophagien, une intolérance alimentaire ou un problème respiratoire. Le médecin donne des conseils pour modifier le comportement de l’enfant et de ses parents. Il peut préconiser la tenue d’un agenda du sommeil de l’enfant sur 15 jours. Il s’agit de noter l’heure à laquelle la lumière est éteinte, le temps d’endormissement, les éveils nocturnes et l’heure de réveil et lever. Cela peut permettre d’adapter les temps de sommeil.
Pour prévenir les troubles de l’endormissement chez un nourrisson, il est nécessaire de comprendre que les pleurs au coucher ne sont pas nécessairement la traduction d'un inconfort et qu'il convient de ne pas habituer l'enfant à réagir à ses pleurs par une intervention ou une présence parentale prolongée. En particulier, mieux vaut éviter de coucher et d'endormir l'enfant dans le lit parental. Mieux vaut lui montrer que le sommeil doit avoir lieu dans son lit, éventuellement avec un objet transitionnel (doudou, veilleuse, etc.) mais sans présence prolongée de l'adulte.Lors d’éveils nocturnes brefs (habituels dans le cycle de sommeil des nourrissons), il est recommandé de ne pas intervenir, afin de ne pas conditionner l'enfant à la présence de l’adulte et d'éviter de lui redonner sa tétine. S’il ne faut pas hésiter à venir auprès de l'enfant lors des manifestations nocturnes, il est préférable de lui laisser retrouver le sommeil par lui-même pour augmenter son autonomie.
Les rêves et les cauchemars surviennent plutôt dans la deuxième partie de la nuit, pendant les phases de sommeil paradoxal qui jouent un rôle important dans la mémorisation des connaissances. Les rêves de votre enfant sont le plus souvent liés aux événements survenus au cours de sa journée. Au fur et à mesure qu’il grandit et qu’il se développe intellectuellement, votre enfant fera des rêves de plus en plus élaborés qui lui permettront de régler de manière symbolique ses angoisses et ses peurs.A l’inverse des terreurs nocturnes, un enfant qui fait un cauchemar se réveille, reconnaît ses parents et, le lendemain, se souvient de l’avoir fait et peut parfois le décrire. Des cauchemars occasionnels permettent à l’enfant d’évacuer les tensions de la journée, il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. S’il ne se rendort pas et qu’il se met à pleurer, allez-le voir, calmez-le avec un câlin, il a besoin de sentir que vous êtes là pour se rendormir paisiblement. Le lendemain, parlez-en avec lui, avec des mots simples. Essayez de le rassurer, par exemple en lui racontant un de vos cauchemars, pour qu’il n’ait pas peur d’aller se coucher le soir suivant.Des cauchemars intenses et répétés peuvent être le signe d’une anxiété plus profonde (par exemple la peur d’aller à l’école). Dans ce cas, n’hésitez pas à en parler à votre pédiatre.
Les terreurs nocturnes ne sont pas des cauchemars. Elles sont fréquentes chez les enfants et surviennent plutôt en début de nuit (moins de trois heures après l’endormissement) pendant le sommeil profond. L’enfant semble réveillé, il s’agite, il crie, il est en sueur, mais en réalité il dort. Cet état n’est que passager, l’enfant se calme rapidement et continue sa nuit sans se réveiller. Il ne se souviendra pas de cet événement. Ne le réveillez pas au risque de le perturber, et ne lui en parlez pas le lendemain. Ces terreurs nocturnes n’expriment aucune angoisse.
En cas de troubles du sommeil chez un enfant, le médecin conseille les parents pour voir comment modifier leur comportement et celui de leur enfant. Les médicaments ne sont prescrits qu’en cas d'échec des méthodes comportementales.
Un rythme régulier, de jour comme de nuit, est particulièrement important dans la prise en charge des troubles du sommeil chez le nourrisson comme chez l’enfant. Un endroit confortable, des objets familiers et votre présence rassurante l’aideront à dormir paisiblement. Parfois, le simple fait d’évoquer les causes possibles de ces insomnies peut débloquer la situation : l’enfant se sent pris en compte et les parents peuvent éclaircir la situation pour agir en conséquence. Si le problème est trop complexe, un pédopsychologue pourra vous aider.
Dans de nombreux cas, une prise en charge comportementale suffit à résoudre les troubles du sommeil chez l'enfantChez le nourrisson :
Chez le jeune enfant :
Chez l’adolescent :
Les médicaments sont utilisés seulement en cas d'échec des méthodes comportementales.Deux antihistaminiques (alimémazine et hydroxyzine), qui ont un effet sédatif, peuvent être utilisés dans le traitement des certaines insomnies de l’enfant (insomnies d'endormissement liées à des manifestations anxieuses au coucher). Le traitement doit être de courte durée (pas plus de 2 semaines). Une somnolence ou des difficultés de concentration peuvent être observés le lendemain matin suivant une prise. Dans ce cas, le traitement doit être interrompu.liste des médicaments mise à jour : jeudi 24 août 2023Antihistaminiques H1
Antihistaminiques H1 sédatifs
Légende
Des médicaments de phytothérapie, d’homéopathie, des oligoéléments et des sédatifs contenant du brome ont une indication dans les troubles légers du sommeil de l’enfant. L’âge d’utilisation varie en fonction de chaque médicament. Bien que disponibles sans ordonnance, ces médicaments ne devraient jamais être utilisés sans avis médical. En règle générale, l’usage de médicaments destinés à favoriser le sommeil est formellement déconseillé chez les enfants et les bébés, y compris ceux à base de plantes.liste des médicaments mise à jour : jeudi 24 août 2023Homéopathie
Oligoéléments
Phytothérapie
Sédatifs contenant du brome
Légende
La mélatonine est une hormone fabriquée par une région du cerveau (épiphyse ou glande pinéale) pendant la nuit. Elle est proposée dans le cadre particulier des troubles du sommeil chez les enfants atteints de syndrome de Smith-Magenis (une maladie rare) et/ou de troubles du spectre de l'autisme. Les répercussions de ces troubles du sommeil sont importantes sur la qualité de vie de ces enfants et de leur famille et les mesures d'hygiène du sommeil souvent ne suffisent pas. Pour ces situations, la mélatonine existe actuellement soit :
Chez les enfants de 10 à 15 ans, lors de syndrome de retard de phase de sommeil, deux techniques sont parfois proposées pour réadapter progressivement les horaires de coucher et de lever en permettant de retrouver un horaire conventionnel. La luminothérapie (ou photothérapie) consiste à exposer le jeune patient à une lumière blanche sécurisée de forte intensité fournie par une lampe spécifique. La durée du traitement n'est pas codifiée. Utilisée le matin, elle peut être efficace dans le traitement du syndrome de retard de phase. La chronothérapie est une technique comportementale qui peut également être utilisée, seule ou associée à la luminothérapie, comme traitement du syndrome de retard de phase de sommeil. Son principe est de réadapter progressivement les horaires de coucher et de lever en permettant de retrouver un horaire conventionnel. Une fois obtenu, le rythme défini doit être consolidé.